Lorsque j'étais lycéen j'avais soif de connaissances scientifiques, surtout mathématiques, mais l'enseignement répondait mal à mon attente. Je vais essayer d'en décrire les problèmes que je ressentais (et je ne prétends pas avoir la solution à tout).

Commençons par des considérations générales sur le système scolaire. Il y a beaucoup de matières enseignées, qui prennent un temps considérable. Par exemple on apprend aux lycéens l'histoire des progrès de la liberté dans nos sociétés, avec suppression du travail des enfants, droit de grève et réduction du temps de travail. Malheureusement ces droits ne sont pas pour eux, si on inclut le temps de travail à la maison. Ils ne peuvent échapper à ce travail auquel on les oblige en leur expliquant que c'est pour leur bien, soit pour une "culture" sans saveur, soit pour avoir le bac indispensable pour avoir un emploi. Mais est-il bien raisonnable, par exemple, de sanctionner au niveau du droit d'entrée à toute filière débouchant sur un emploi de qualité, les élèves n'ayant pas appris leur histoire-géographie ?

J'ai trouvé beaucoup de choses utiles et intéressantes. Surtout j'ai bien aimé le cours de biologie, tout théorique qu'il ait été et avec un programme chargé, donné par un bon professeur (eh oui je suis un incorrigible théoricien). J'avais même le sentiment que la plupart des matières auraient pu être passionnantes... séparément à condition de supprimer les autres.

Malheureusement la vie est courte et il faut faire un choix. Il est dommage que les élèves de disposent pas de la liberté de ce choix (ou qu'il n'y ait pas du moins une part plus grande de diversité des filières pour une meilleure adaptation aux élèves). Peut-être l'uniformité est-elle indispensable pour que dans les études ultéreures les professeurs soient en face d'un groupe plus homogène afin de pourvoir enseigner.

A-t-on le droit d'apprendre des choses au-delà du programme ? Lorsque je voulais passer les grandes vacances à faire des maths, on me mettait en garde: Si tu ne te reposes pas pendant les vacances, comment feras-tu face à l'année qui vient ?

Un défaut que l'on retrouve souvent, c'est qu'on oriente l'enseignement pour pouvoir juger les élèves à l'arrivée, donc on le rend très formel. Ainsi en Philosophie (matière censée elle aussi former l'esprit critique), on apprend à rédiger sur n'importe quel sujet suivant tel et tel shéma (Exemple tiré des newsgroups: "peut-on parler pour ne rien dire ?" - corrigés sur ce sujet ici et ), et on les colle à l'étude textuelle des grands auteurs qui disent: "il faut penser par soi-même", au lieu de susciter des débats entre élèves sur les grandes questions: Dieu, la démocratie, l'éducation, etc.

Pour en revenir à ma matière préférée, les maths, son enseignement m'a beaucoup ennuyé car je trouvais ces choses trop faciles. Alors je comprenais les autres: s'ils ont tant de peine pour des choses aussi simples, qu'est-ce qu'ils doivent s'ennuyer !

On m'a dit qu'à une certaine époque le programme de maths était beaucoup plus chargé. Je trouve que sans aller jusque là, un programme riche a l'avantage de susciter l'intérêt des élèves, au lieu de piétiner sur la rédaction. Mais bon, sans doute qu'à l'époque des 80% de bacheliers cela n'est pas possible sans faire des classes de niveau.

Et puisqu'à mon avis il faudrait plutot alléger le travail en général, voici mes suggestions pour les mathématiques.

J'ai l'impression que la plupart des élèves y perdent beaucoup de temps. Quelques uns, capables de faire des études scientifiques ne peuvent-ils pas apprendre cela en moitié moins de temps, ce qui leur permettrait d'avancer ? Pour beaucoup d'autres, une bonne partie de ce qu'ils apprennent risque d'être oublié par la suite, devenu inutile. Est-ce vraiment impossible de faire des classes de niveau pour adapter l'enseignement aux élèves (ou par exemple faire des regroupements entre classes suivant le niveau juste pour les mathématiques ?)

Je pense qu'on devrait interroger les hommes de métier dans le privé pour savoir ce qui est utile dans le programme de maths. Non pas forcément pour supprimer le reste mais pour mettre au clair les différents objectifs du programme, entre les notions utiles et celles qui servent à la formation de l'esprit. On peut aussi se demander pour les dernières si elles sont les seuls moyens d'y parvenir, ou si on peut en imaginer d'autres. Et pour les premières, si par exemple certains résultats d'analyse ne seraient pas mieux placés dans les cours appliqués là où ils sont utiles et pour leur utilité. Ceci afin que l'aspect utile des mathématiques ne fasse pas oublier qu'il en existe aussi un aspect intéressant pour l'esprit, que je situerais plus dans l'algèbre et la géométrie (même si cela peut servir également). A approfondir plus ou moins (si possible), suivant les capacités de chacun.

Enfin, je propose de réfléchir aux moyens éventuels de rendre la géométrie plus attrayante, par exemple par la réalisation concrète de formes à trois dimensions ou l'étude de la perspective (l'idéal serait de disposer de logiciels d'animation pour illustrer les cours). (je sais, il y a déjà des dens qui réfléchissent là-dessus) 


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